"HUMAINES CREATURES"

26 janvier 2010

Humaines créatures

"Ce dimanche était dur. Comme la boue qui retenait nos pieds ou nous faisait glisser. Comme le froid qui s'immisçait sous nos pulls et mordait nos bouts de doigts.

Comme le creux de l'hiver.

On s'est confronté au vide, au blanc (clin d'oeil vers Alixia), au presque rien;

On s'est confronté à notre vaste liberté et à l'usage qu'on en fait, à la vastitude du monde présente aux portes de nos sens;

On s'est confronté à l'autre, si proche si loin si rassurant si étranger ; être soi avec lui.

Certains se sont amusés, d'autres ont été dérangés; tous se sont rencontrés; tous, nous avons traversé

cette étape. Nous avons appris. Emmagasiné de l'expérience commune, celle de notre groupe; constituée d'expériences très personnelles et différentes.

Cette dureté, c'est celle de l'hiver.

C'est celle de notre paysage, parfois.

De nos humeurs, parfois.

Quand j'écris dureté, je ne pense pas à celle du fer; mais peut-être à celle de la pierre, en ce qu'elle est si obstinément silencieuse et fermée; je pense au ciel quand il est si blanc, aux arbres nus, à l'eau froide; c'est la morte saison, les bêtes n'ont plus grand chose à manger, on préfère rester à l'intérieur.

C'est les moments de grande solitude qu'on peut vivre parfois quand on perd le sens... dans la vie mais aussi sur « scène ».

Alors c'est bon d'apprendre à traverser. Marcher là où on ne va pas d'ordinaire. Apprivoiser ce vide. Transformer. Utiliser notre appréhension, la tourner en désir. Nous nourrir nous-même.

Et dans la pierre immobile, desceller le fossile, le joyau; regarder le vol de l'oiseau dans l'infini du ciel; caresser la nudité des arbres; se regénérer de cette eau... de vie.

C'est ma vision ce soir.

Merci à vous tous d' avoir accepté et nourri cette aventure.

Si vous avez des mots à vous pour ce qu'on a vêcu, bienvenus.

A bientôt pour la suite, pour une autre saison, une autre couleur.

Pour Hélène: tu danses avec ton grand corps dans le paysage comme si tu n'avais peur de rien.Effrontément.

Pour François: Tu t'es métamorphosé en animal, les pieds dans l'eau, broutant les ronces; féerie humaine terre à terre.

Pour Olivier: quand tu danses, ton visage est comme un ciel blanc, où passent les oiseaux, les nuages; un paysage qu'on regarde sans se lasser.

Pour Aurélie: J'ai vu tes mains minutieuses caresser la terre - ou était-ce la Terre? La modeler - ou la consoler?

Pour Régis: Tu étais au bord du précipice: j'y vais? J'y vais pas? Et tu as plongé. Avec tes yeux rieurs.

Pour Alixia: Debout, les yeux grands ouverts, les mains vivantes. Debout sans rien d'autre. Longtemps. Droit devant. C'était beau.

Pour Marie: tu es réjouie. Réjouissante.

Pour Pierre: allongé sur-dans la terre, abandonné comme après la longue course pleine de cabrioles d'un jeune cheval, vif, curieux.

Pour Angèle: Généreuse quand tu donnes et quand tu reçois! Et quand tu danses.

Pour Sabine: feuille après feuille, ton déploiement; c'est bon de voir ton dedans.

Pour Laurence: tu es venue avec ce que tu étais; c'est ça qu'est bon. Danse qui traverse tout ton corps, jusqu'à ton visage, tes lèvres. Tu restes, longtemps. C'est fort.

Pour Cécile: nez contre terre, étalée en croix, ton jaune sur le vert; sincérité.

Pour Arthur: tu regardes, tu es là, tu nous accompagnes. Chaleur simple.

Pour Frédéric: Calme, soutien, amour.

Pour Laure: j'adore être dehors quand il fait froid; surtout quand on rentre après!"

Laure Thomas

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